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DE LA VILLE DE PARIS.
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[»576]
vostre ville de Paris, cappitallc de vostre Royaulme, tant pour eulx que pour tout l'universel de vostre-dict Royaume, comme ayans tous interestz en ceste affaire, font par nous, Prevost des Marchans et Eschevins d'icelle Ville, trés humbles Remonstrances à Vostre Majesté sur la saisie et arrest faict par commandement deVostreditte Majesté, de tous les deniers des assignations et fonds des rentes constituées et assignées sur l'Hostel de vostreditte Ville par vous, Sire, ou bien par nous, Prevost des Marchans et Eschevins et noz predecesseurs en nôzdittes charges, pour vous et vostre service, soubz vostre foy et la foy publicque; en laquelle asseurant tous vosdictz sub-jectz tant de vostre ville que de toutes les contrées et provinces de la France, de tous estatz : ecclesiastiques, princes, gentilzhommes, bourgeois, artisans, hospitaliers, veufves, mineurs, orphelins, colleges, communaultez et gens de toutes sortes, y ont mis de bonne voluntté et franchement leurs deniers et leurs biens pour voslre service et secours en vostre urgente necessité et de voz predecesseurs Roys.
"Et une grande partie, pour ce faire, ont vendu leurs maisons, terres et possessions et quelques fois à bas et vil pris. Autres ont esté, par vostre commandement, forsez et contrainctz par nous, Prevost des Marchans et Eschevins, et par contraintes violantes et garnisons d'archers à leurs despens et fraiz en leurs maisons, d'y mettre et porter deniers, lesquelz ilz ont le plus souvent empruntez à leurs amys, ou vendu leurs meubles et immeubles pour y satiffaire. Tel y a mis tout son bien et n'a aultre chose vaillant en ce monde, et veit à son aise et avec honneur estant payé desdittes rentes; et n'en estant point payé, luy et toute sa famille et petitz enffans meurent de fain et sont reduitz à demander l'aul-mosne. Les tuteurs et curateurs ont esté contrainctz et jugez par sentence et arrestz chascun jour de mettre les deniers de leurs mineurs et pupilles en rentes sur laditte Ville. Les peres, meres et autres parens ont baillé en mariage à leurs enfans et parens lesdittes rentes. Aultres ont acquis maisons et terres, et en conlr'eschange et paiement ont baillé lesdittes rentes sur laditte Ville; les coheritiers les ont parties entre eulx : les ungs ont eu icelles rentes en partage, aultres ont eu des heritaiges; et maintenant ceulx qui ont les rentes ont passé par plus de trente ou quarante mains, qui est ung sommaire de procès et infinis recours de garendies, dissolutions d'amytiez, rancunnes, procès, querelles, portz d'armes, meurtres, vengeance entre les proches
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parens et estrangers, jissolulions de mariages aux contractz desquelz les femmes n'ont esté douées que desdittes rentes sur laditte Ville. Les villes et communaultez qui en ont, tumbent en mescontentement et desordre. Les gentilzhommes des champs qui viennent exprès querir leur argent, s'en retournent sans estre payez de leursdittes rentes, et ont aultant despendu qu'elles montent, ce qui les met en desespoir. Les hospitalliers sont contrainctz chasser les pauvres, ne pouvant les nourrir, d'aultant qu'ilz sont fondez sur le payement desdittes rentes dc laditte Ville. Les peres, meres, parens et tuteurs sont contrainctz retirer les enfans des colleges, ne les pouvant nourrir et entretenir esdictz colleges, ne recepvant point leursdittes rentes. Et qui pis est, plusieurs fondations sont faittes sur icelles rentes de laditte Ville, et par faulte cie paiement est delaissé le Service Divin.
"Et oultre tout ce que dessus, Sire, le secours, que Voslre Majesté prendroit, arrcslant lesdittes rentes, feroit sauf vostre correction trop inégal : car tel y a beaucoup, et. tel n'y a gueres; tel y a tout son bien, et tel n'y a.riens du tout. Et beaucoup des plus grandz et plusieurs riches et qui ont eu les grandz bienfaiclz cie Voz Majestés, n'y ont riens quelconques; et ceulx qui y ont, Sire, y ont pour vous avoir esté bons serviteurs et de voz predecesseurs, et vous avoir secouru/, aux grandes ct urgentes affaires de Vozdilles Majestcz et de vostre Couronne, comme vostre Ville de Paris y a tousjours esté prompte et sera.
«Mais, Sire, nous vous supplions trés humblement nous conserver en nostre bien à nous, justement acquis et gardez par noz peres à leur sueur el labeur; et que nous le puissions aussy conserver à nostre posterité par la justice ct équité dont vous avez tous jours ct vos predecesseurs uzé envers voz. subjeetz.
Sire,
« Voz predecesseurs ont tant estimé l'entretenement et conservation de ceste foy vostre et publicque ct leur credict, et l'ont tenu de telle consequence que, quelques affaires grandes et urgentes qu'ilz ayent eue, ilz n'ont jamais voulu toucher ausdittes rentes. Et mesmes le feu Roy Charles, vostre Frere (que Dieu absolve!), en ayant voullu arrester ung quartier par forme d'emprunt, sur semblables remous trances qui luy en furent par nous faittes au chasteau du Bois de Vcinsenncs, ne voulust estro passé oultre,
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